Au sein d’une fraction du monde éditorial, la fin des années 1960 est le théâtre d’une critique régulière des lois de 1939 et de celle de 1949 renforcée en 1958, au nom de la liberté de création et d’expression.
La corporation des éditeurs ne porte pas collectivement ce combat.
Si Jean-Jacques Pauvert argumente pour la suppression de toute forme de censure, il demeure isolé.
La réflexion est toutefois engagée sur l’usage d’une loi destinée à protéger la jeunesse et utilisée pour interdire des publications pour adultes.
Le 25 février 1970, sans aucun motif mais en invoquant l’article 14 de la loi de 1881 et la loi du 6 mai 1939 sur les écrits étrangers, le ministère de l’Intérieur interdit « de circulation, de distribution et de mise en vente » Pour la libération du Brésil de Carlos Marighela, publié aux Éditions du Seuil.

Quelques mois après l’interdiction française, visant entre autres choses à ménager les relations diplomatiques avec le Brésil, vingt-quatre éditeurs se mobilisent pour coéditer l’ouvrage afin de défendre la possibilité d’éditer des œuvres traduites.
Les représentants du ministère reculent devant cette solidarité corporative.
En 1971, à la suite de l’affaire Marighela, Pauvert tente de rallier ses confrères pour la coédition d’un très banal roman pornographique L’Enfer du sexe (1971).