Éditeurs, les lois du métier

Le Procès de Jean-Marie Le Pen

Mathieu Lindon, P.O. L, éd. originale, 1998, Coll. Bfm - Limoges

Le procès de Jean-Marie Le Pen de Mathieu Lindon narre le cheminement d’un avocat juif, homosexuel et de gauche, défenseur d’un militant du Front national qui, sciemment, a tué un jeune homme arabe. Si l’écrivain met en scène le leader d’extrême- droite durant les audiences, son ambition, complexe, est d’affirmer que les stratégies d’opposition des anti-lepénistes ne sont pas efficaces. Le chef du Front national porte plainte : des propos de l’avocat et de militants antiracistes du roman attenteraient à son honneur. Successivement en première instance, en appel devant la Cour de cassation, puis devant la Cour européenne des droits de l’homme en 2007, il obtient gain de cause. Pour les juges, les propos tenus par des personnages fictifs à l’encontre du personnage Jean-Marie Le Pen créé par le romancier – et non pas à l’encontre de la personne réelle –, sont diffamatoires. Une décision qui ignore la liberté de création.