Éditeurs, les lois du métier

Le Château de Cène

Urbain d'Orlhac, Jérôme Martineau, éd. originale, 1969, Coll. Bfm - Limoges

L’écriture du Château de Cène plonge dans la guerre d’Algérie, dans une réflexion sur la censure intérieure, la révolte et la morale qu’impose la langue d’un monde bourgeois. D’abord paru sous le pseudonyme d’Urbain d’Orlhac chez Jérôme Martineau, il est revu et repris par Pauvert en 1972 sous le vrai nom de son jeune auteur, Bernard Noël. « Ce pseudonyme me censurait : c’était le masque sous lequel je demeurais blanc en attendant. » Les deux éditions de ce roman d’initiation par des tortures sexuelles imposées par des animaux et des hommes, sont condamnées pour outrages aux bonnes mœurs. Bernard Noël poursuivra sa réflexion sur la censure, privation de la parole, en créant le terme de « sensure », privation du sens, la forme « la plus subtile du lavage de cerveau, car elle s’opère à l’insu de sa victime ». L’interdiction de vente aux mineurs est levée en 1991.