Éditeurs, les lois du métier
Rose bonbon
Nicolas Jones-Gorlin, Gallimard, éd. originale, 2002, Coll. Bfm - Limoges
En 2002, paraît chez Gallimard Rose bonbon, roman de Nicolas Jones-Gorlin dont le personnage principal est un pédophile. Des associations de protection de l'enfance saisissent le procureur de la République pour l'application de la loi du 17 juin 1998 sur la protection des mineurs. Il ne s'agit pas de brider " la liberté de création " mais de dire que " l'écrivain n'a pas compétence pour enfreindre les dispositions communes à tous. " La Commission de surveillance demande une interdiction de vente aux mineurs. Antoine Gallimard suspend alors la parution du livre. Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, lui demande d'écrire une lettre expliquant ce choix éditorial. L'éditeur affirme que c'est au lecteur de se faire son opinion. Jones-Gorlin défend l'efficience de la fiction : " Il faut expliquer ce qu'est la pédophilie, pas censurer. Je ne fais pas l'apologie, mais plutôt une critique " (Le Monde, 6-7 octobre 2002). Le Syndicat national de l'édition estime que la loi de 1949 de protection de la jeunesse est " inutile et dangereuse " : à quoi bon demander leurs papiers aux jeunes acheteurs de Rose bonbon " quand ils ont accès à Pierre Louÿs, Bataille, Nabokov ou Bernard Noël " ? Le ministre de l'Intérieur entend ces arguments et conclut que l'interdiction n'est pas justifiée.