Délits de fiction ?
Comment établir les frontières de la création ? Quels sont les territoires de la fiction ? Quelle est la liberté du créateur ? Ce sont là des questions soulevées par de nombreux procès d’œuvres littéraires.
L’usage d’éléments de la réalité, explicitement nommés – lieu, personnage, faits divers… –, pour alimenter un récit romanesque a également suscité plusieurs querelles juridiques.
Une pétition initiée par des éditeurs et des écrivains après plusieurs procès et condamnations appelle à réviser la loi et à aménager une « exception littéraire » pour protéger la liberté de création et d’édition (Le Monde, 4 avril 2003).
Une position qui ne fait pas l’unanimité. Le philosophe Ruwen Ogien assimile cette « exception littéraire » à une « façon chic ou noble d’accepter la censure ». Les livres dotés de qualités littéraires seraient épargnés par la proscription. Mais « Quels experts pour juger la qualité littéraire ? L’Académie française ? Les membres des jurys littéraires réunis en congrès ? ».
(Les Inrockuptibles, 14-20 mai 2003)