Les Éditions de Minuit sont fondées à la fin de l’année 1941 par Pierre de Lescure et Jean Bruller.
Sous l’Occupation allemande, dans la clandestinité, ils refusent la chape de plomb qui restreint la liberté de création.
Une maison littéraire de qualité, aux côtés des réseaux intellectuels communistes, doit révéler au monde entier « la constance spirituelle d’une France qui n’a pas démissionné » (juin 1943).
Cette volonté, Minuit l’exprime avec éclat en 1942 avec Le Silence de la mer de Jean Bruller, alias Vercors.
Pour l’historienne Anne Simonin, le livre « n’offre pas seulement un modèle de littérature engagée, il est une incitation à l’action, à l’engagement de l’écrivain ».
Né à Paris en 1925 dans une famille de la bourgeoisie juive, Jérôme Lindon s’engage fort jeune dans la Résistance. Il combat dans les maquis puis dans l’armée de Libération.
Après la guerre, sa passion des livres encouragée par son père le pousse vers l’édition. Il entre comme employé aux Éditions de Minuit.
En 1948, alors que l’entreprise connaît des difficultés financières, il en devient actionnaire puis directeur.
Sa légitimité d’éditeur découle largement de son engagement total durant le conflit algérien, dans la lignée du prestige acquis par les Éditions de Minuit clandestines.
Aux côtés d’écrivains comme Beckett et Robbe-Grillet, il publie à partir de 1957 vingt-trois livres qui dénoncent les injustices commises en Algérie pour lutter contre les indépendantistes.
Neuf sont saisis entre mars 1958 et novembre 1961.
Jérôme Lindon, surveillé par le pouvoir, soutient ses auteurs, répond à ses détracteurs et assure la diffusion des textes interdits par le biais de canaux parallèles.