Les révoltes de mai-juin 1968 ouvrent des horizons inédits de contestation de l’État et de ses relais, de son ordre qui ignore l’avis des citoyens.
Une dynamique qui imprègne, pour une part, les catalogues des éditeurs – et les poursuites qu’ils subissent.
Une nouvelle perception politisée du corps se construit avec ce qui est aussi un « printemps des sciences sociales ».
Les pesanteurs moralistes de la bourgeoisie sont récusées par des revendications sur la place sociale des femmes, la visibilité des homosexualités et de toutes les sexualités, par le refus du familialisme, par le droit à l’avortement…
Imbriqués, les combats pour l’émancipation internationale des peuples se poursuivent et le pouvoir fait tout pour les étouffer.

« À ceux – nombreux – qui estiment sincèrement que le maintien ou le renforcement des censures est la dernière digue contre le flot montant de l’ordure, de la barbarie, de la subversion des valeurs et de la décadence, il faut rappeler que ce qui menace réellement une société, et notamment sa jeunesse, ce n’a jamais été telle ou telle publication mais l’injustice, la violence sociale, l’impunité des trafiquants de toute espèce, le règne incontrôlé de l’argent, le divorce entre les valeurs enseignées (et pas seulement par les enseignants) et les valeurs vécues, le mépris des faibles, des isolés, des inorganisés. »
Robert Errera, « Les infortunes de la censure », Esprit, mars 1973.