La loi, les lois, sont des matières vivantes, évolutives, objets d’enjeux juridiques mais aussi politiques ou moraux.
Les relations entre le droit et le corps social sont complexes. L’histoire de chaque loi le montrerait.
La difficulté, voire l’impossibilité, de définir objectivement ce que seraient les « bonnes mœurs » ou les « mauvaises mœurs » traverse l’ensemble des débats juridiques.
Les autres motifs d’inculpation d’un livre, la diffamation, la contrefaçon, l’outrage à une institution… possèdent une même variabilité.
Un examen, même en survol, des textes juridiques concernant les livres et l’édition ainsi que d’un certain nombre d’affaires emblématiques, montre que « l’embarras des censeurs témoigne de ce que les modalités d’exercice de la censure sont mal adaptées à un contexte que “l’évolution des mœurs“, selon la formule consacrée, a profondément transformé » (Danièle Lochak).
Un constat que l’on peut étendre à d’autres domaines.
« Le principe du censeur reste d’accumuler les textes répressifs, sans pour autant abroger ceux qui sont tombés en désuétude. Car une loi d’interdiction peut toujours servir.».
Emmanuel Pierrat, Le Livre noir de la censure, Seuil, 2008, p. 15.