Production éditoriale particulièrement surveillée, la bande dessinée, succédant aux albums illustrés, a fait l’objet de plusieurs mesures coercitives, sous couvert d’articles de la loi du 16 juillet 1949, explicitement pour protéger le jeune lectorat.
Ce qui distingue l’argumentation des mesures prises à l’encontre de la bande dessinée, c’est qu’elle se fonde autant sur le contenu que sur la forme : le propos est jugé terrifiant, contrevenant aux règles de la raison.
Le dessin est condamné pour sa violence, tant les scènes décrites que les couleurs employées.
Et, de façon assez notable, on reproche l’usage « exagéré » des onomatopées.
Cependant, malgré toutes ces contraintes, la production BD diversifie ses formes, dont certaines tombent sous le coup d’interdiction, ou d’autocensure, jusqu’à l’apparition de la « BD adulte ».

La bande dessinée américaine, introduite dès 1936 par Paul Winkler dans Robinson, « L’hebdomadaire des jeunes de tous les âges », a très rapidement exercé un grand pouvoir d’attraction sur le lectorat français (qui en sera privé entre 1942 et 1944).
Ce n’est qu’après la promulgation de la loi de 1949 et quelques campagnes hostiles menées notamment par la revue Éducateur que les premières mesures coercitives sont prises à l’encontre de ces publications, tel le retrait de l’inscription à la Société de répartition du papier, menant au sabordage de Donald (1953, 300 000 ex.) ou Tarzan (1954, 200 000 ex.).
Durant les années suivantes, ce seront essentiellement les BD fantastiques et de science-fiction qui seront visées par la Commission de contrôle : Mandrake (1963), Fantask (1969), Marvel (1971), en dépit du fort engouement du public pour ce genre.
Renouant avec des pratiques des années quarante, quelques éditeurs, notamment Lug, procédèrent à de larges retouches édulcorant l’impact visuel des bandes originales, au grand dam des « fans », jusque dans les années 1980.