Les "affaires" des Versets

Romancier indo-britannique reconnu, Salman Rushdie écrit avec The Satanic Verses (1988) le dernier tome d’une trilogie dont le sujet est l’identité née de l’exil et le partage entre plusieurs cultures.
Ce qu’il convient de nommer « l’affaire Rushdie », bientôt internationale, débute en février 1989 quand le pouvoir iranien dénonce le roman comme blasphématoire et appelle au meurtre de l’écrivain et de ses éditeurs.
Partie d’Iran, étendue à tout l’Islam et à l’Occident, cette campagne s’appuie sur la volonté des fondamentalistes de reprendre la main sur des courants modérés.
La réception théologique, mais aussi politique, des Versets sataniques n’est absolument pas homogène dans le monde musulman.
En Angleterre, la ghettoïsation de l’immigration sert de caisse de résonnance.
En France, l’éditeur Christian Bourgois a déjà lancé la traduction des Versets sataniques quand l’affaire éclate.

Dans un premier temps, face à la « gravité de la situation », il sursoit à la publication, à l’instar d’autres maisons européennes.
Bourgois reçoit le soutien de plusieurs journaux et de confrères. Des associations musulmanes et des particuliers tentent de faire saisir le livre pour atteinte à leurs convictions religieuses. Pour les juges, le caractère fictionnel des Versets sataniques est indéniable et si certains passages peuvent heurter un croyant « personne ne se trouve contraint de lire un livre ».
Au moment de la mise en vente en France, à l’automne 1989, Christian Bourgois, suite aux recommandations du tribunal, limite la publicité faite à ce roman.